/
RSS Feed
Dans ce premier épisode j’aborde la question de la tolérance mais également du blasphème tout en passant sur l’égo sa possible manifestation sous forme de cris de truies.
Ces derniers mots t’intrigue? Tu n’as plus qu’a te taper cet épisode jusqu’à la fin.
Bonne écoute.
4 commentaires
C’est curieux que tu parles de ça, j’étais avant-hier avec mon compagnon à un événement festif organisé dans une église protestante. Un homme (un pasteur évangélique) est venu s’asseoir à notre table, nous avons engagé la conversation et n’avons pas caché que nous étions un couple homo. Il nous a fait tout un baratin pour nous expliquer que » la Bible a dit que » ce n’était pas bien, qu’il fallait rencontrer Jésus pour renoncer à ce péché etc., mais il a conclu en disant qu’il ne nous condamnait pas, » pas plus que je ne condamnerais un drogué « , nous a-t-il dit. Cet homme était-il tolérant ? Je suppose, puisqu’il est venu à notre table. Mais ce n’était pas par amitié, c’était dans l’espoir de nous changer. Il aurait fait la même chose si nous avions été bouddhistes ou musulmans. Personnellement, je comprends qu’on soit » gêné » par l’homosexualité, puisque ce n’est pas la norme sociale. Ce n’est pas non plus la norme sociale d’être végétarien, et la plupart des végétariens acceptent de vivre dans un monde majoritairement carnivore, ils » assument leur choix » et certains, plus zélés, le revendiquent et voudraient l’imposer. La différence c’est que l’orientation sexuelle n’est pas un choix conscient, c’est un peu comme être autiste Asperger : c’est une différence, et les religions du monde entier ont diabolisé cette différence depuis des millénaires, donc c’est fortement ancré dans nos cultures. Ce qui est problématique, c’est de diaboliser la différence. Il y a aussi des violences psychiques (et leur effet est dévastateur). Il fut un temps où on diabolisait les nains et les personnes aux cheveux roux. Les mouvements LGBT sont un » symptôme » : à un excès, certains ont répondu par un excès inverse. Je pense que la tolérance dont parlait Paul, ce n’est pas juste » supporter les autres qui pensent et vivent différemment (de ce qu’il faudrait) « , c’est plus l’idée d’accueillir l’altérité et voir en l’autre ce qu’il y a de beau. Il est légitime d’arracher les mauvaises herbes dans un champ puisqu’elles nuisent à l’épanouissement des autres plantes, mais vouloir arracher les fleurs plus rares et les trèfles à quatre feuilles parce qu’elles ne sont pas comme les autres, c’est nuire à la Vie. Dire » les homosexuels ont le droit de s’aimer (mais sous-entendu je n’adhère pas à leur choix de vie), c’est comme dire à une personne Aspie » tu as le droit de t’exprimer et d’employer un discours bizarre mais je préfère quand même ne pas t’entendre « ). Comme jadis on permettait aux nains d’assister » comme tout le monde » à la messe catholique, mais à condition qu’ils soient invisibles à l’arrière de l’église. L’Amour est au-delà de toutes nos » identités « , c’est ça au fond le message de l’Evangile (entre autres). Cela ne fait pas sens d’ériger des murs idéologiques entre les humains… Le » christianisme » est devenu un de ces murs (et l’idéologie chrétienne exclut les homosexuels de manière générale, comme autrefois elle excluait les nains, et il n’y a pas si longtemps les Noirs). Les Américains sont beaucoup plus influencés que nous par l’idéologie évangélique… Se découvrir homosexuel.le dans une famille où c’est considéré comme un péché mortel, cela doit être assez difficile à vivre. D’ailleurs, certains restent célibataires à vie, voire se suicident, pour échapper à la culpabilité de ce qu’ils sont. En Europe, les choses sont plus simples : pendant longtemps, les » vilains petits canards » homos des familles bourgeoises devenaient prêtres. Aujourd’hui encore, 50% du clergé catholique serait composé d’homosexuels. C’est un secret de polichinelle (m’a dit un prêtre homo). S’il n’y a plus personne dans les séminaires, c’est parce que les gays n’ont plus besoin de se cacher aujourd’hui. Donc c’est un sujet complexe, effectivement. À l’hypocrisie des uns, répond l’hystérie des autres… Le vrai combat n’est pas de se faire accepter des autres, mais de s’accepter soi-même tel que l’on est, de découvrir son JE véritable. Si tout le monde y parvenait, il n’y aurait plus de querelles identitaires… Et pour conclure, je dirais qu’on a tous en nous des préjugés très profondément ancrés dans l’inconscient, qui sont à la source de nos inimitiés envers certains types de personnes. On ne lutte pas seulement contre son égo, hélas. C’est l’Autre en nous que nous refusons d’aimer. On peut ne pas être d’accord avec un mode de vie, avec un choix politique ou idéologique, ou religieux, voire avec des éléments de culture ou de tradition ; mais ne pas être d’accord avec la couleur de peau, avec le faciès, avec l’orientation sexuelle, c’est différent. Dans ce cas, il ne faut pas dire » je ne suis pas d’accord « , il faut avoir l’honnêteté de dire » je n’aime pas « . OR » je n’aime pas les homosexuels mais je les tolère » (c’est littéralement ce que nous a dit ce pasteur évangélique avant-hier), est-ce vraiment de la tolérance ? Je ne sais pas… Moi j’ai gardé le silence, en tout cas.
Ce n’était pas le sujet donc je n’ai pas développé plus que cela. Mais tu as raison sur le fait d’aimer et de supporter. C’est différent. J’aurais l’occasion de revenir sur ce thème précisément dans un autre podcast.
Aimer, c’est d’abord un combat intérieur. L’intériorité, c’est un vrai travail pour affronter ce qu’on hait en soi et de soi, et qu’on a tendance à projeter sur autrui. C’est la différence primordiale avec » l’amour béni oui-oui » de certains chrétiens qui n’est qu’une posture sociétale ( je souris, j’invite à déjeuner, je dis » Jésus t’aime tel que tu es, il t’a créé « … mais si seulement tu pouvais être quelqu’un d’autre) et l’amour divin qui est ouverture vers le tout autre. Je t’avoue que pendant longtemps j’ai eu du mal avec les arabes (je l’avoue d’autant plus volontiers que j’en suis guéri). Leur seule présence me mettait mal à l’aise. Et puis un jour, par » révélation « , j’ai su qu’en plus de mes origines juives, j’avais de lointains ancêtres arabes. C’est un tabou dans beaucoup de familles juives sépharades de reconnaître qu’il y a eu des mélanges avec les peuples du Maghreb. C’est pourtant évident. Cela m’a guéri d’une forme de racisme refoulé. Aujourd’hui, j’ai des amis arabes, musulmans, et je les aime malgré certains désaccords de croyances.
Chacun met ce qu’il veut derrière le mot « aimer ». Pour moi c’est le don de soi. C’est donc être capable d’être présent pour une personne, faire preuve de bienveillance sans baigner selon moi dans une naïveté qui ferait de soi une proie et ou de mettre en danger les principes de base de la création. Jésus est mort pour son rôle de messie d’israel. Ce n’est pas notre mission. Notre mort est en effet intérieure